Rugby - Tournée d'automne

Comme évoqué dans ma note « Rugby » précédente, je reviens donc débriefer sur cette tournée d’automne du XV de France qui a démarré fort avec une première rencontre contre la Nouvelle Zélande, championne du monde actuelle.

Nonobstant une défaite plus ou moins attendue, j’ai quand même été très agréablement surprise par le niveau de jeu proposé par notre XV tricolore. C’était nettement mieux que lors de la tournée d’été (mais nous étions en fin de saison avec ce que cela suppose de fatigue et d’usure mentale et physique) et infiniment bien au-dessus de la très moche prestation du Tournoi des VI Nations ! Il y avait vraiment de l’envie, du jeu, de la présence, ça commençait à ressembler enfin à quelque chose. Aussi, cette défaite n’est-elle pas déshonorante car nous nous sommes bien battus et pouvions sortir la tête haute. C’est un bon début.

Pour ce qui est des All Blacks, il n’y a pas à dire : c’est réellement LA meilleure équipe du moment tous hémisphères confondus (car on a souvent tendance à parler de types de jeux différents en fonction du fait que l’on soit du Nord ou du Sud mais il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que les Blacks battent « finger in the nose » toutes les équipes sans exception). Le moindre ballon de récupération, la moindre faute commise par l’équipe adverse, la moindre faille dans le jeu adverse et c’est un essai au bout avec un déploiement de jeu absolument magnifique, le tout servi avec une impression d’aisance et de facilité qui laisse pantois. Tout simplement magistral.

Pour ce qui concerne le match contre le Tonga, là, c’était encore autre chose. On va dire que c’était… viril et provocateur. Très. Pour ce qui concerne le contenu de la rencontre, je vous laisse lire les articles qui ont pu être écrits, mes commentaires ne diffèreraient pas. En revanche, j’ai envie d’écrire un petit quelque chose au sujet des cartons rouges de Yoann Maestri et Sona Taumalolo Pour ce dernier, c’était plus que mérité et je dirais même « il était temps » : ledit joueur ayant été sur le mode de la provocation permanente depuis le début du match (voire depuis la dernière Coupe du Monde). Juste en passant : Taumalolo joue à Perpignan… J’dis ça, j’dis rien...

Quant à Yoann Maestri, à titre personnel, j’ai jugé le rouge trop dur. A mes yeux, un jaune aurait suffi mais, après avoir échangé avec des connaisseurs, ils m’ont démontré qu’un rouge était la conséquence logique de son geste car, même s’il avait été provoqué, il n’aurait pas du répondre avec ses poings mais faire preuve de maîtrise (quand je dis que j’adore ce sport c’est aussi pour ce genre de vision élevée de l’homme). C’est en effet ce qui est attendu d’un joueur de très haut niveau. Expliqué comme ça, je peux le comprendre. Et, ce qui m’a fait très plaisir, c’est que la Commission de discipline de l’IRB a jugé la sanction suffisante et ne lui a donc infligé aucun match de suspension du fait qu’il n’était pas à l’origine de la bagarre et estimant qu’il avait été largement provoqué. L’autre, en revanche, a écopé de 4 semaines de suspension. Ce qui est bien peu au regard de son comportement hors limites.

Enfin, l’Afrique du Sud. Ouille ! A mes yeux, ce fût le match le plus dur pour notre XV de France : les Springboks alliant le jeu des Blacks et le physique des Lions des Mers. C’est pourquoi, nos Bleus ont d’autant plus de mérite d’avoir concédé relativement peu de points (score : 10-19) avec une équipe relativement jeune et inexpérimentée contrairement à nos adversaires.

Le bilan que je tire de cet ensemble de rencontres est que des talents ont émergé (Brice Dulin, Sofiane Guitoune…), des jeunes se sont aguerris (Gaël Fickou – impressionnant, Wesley Fofana – qui s’est mis à plaquer et à bien plaquer ! …) et une équipe qui est en train de se trouver. Il manque juste à trouver la bonne charnière (pourquoi pas un Doussain-Michalak ou un Doussain-Parra ?) puis à s’entraîner plus souvent ensemble (mais, pour ça, on attend le bon vouloir de ces costumes-cravates de la LNR et de la FFR).

Bref, même s’il n’y a qu’une victoire au compteur, l’essentiel est, à mes yeux, le contenu du jeu proposé et la tenue générale de l’équipe. Et, pour moi, c’est globalement positif. Nous sommes sur la bonne voie de la reconstruction car, rappelons-le (ce que les médias oublient systématiquement de faire car ça les arrange bien de polémiquer), le XV de France qui nous a mené en finale de la Coupe du Monde n’est pas le même que celui qui évolue depuis. En effet, il y a un avant et un après tant avec un changement de sélectionneur que de joueurs. L’effectif a été rajeuni, il a fallu partir à la chasse aux vrais talents, tester leurs capacités à jouer au plus haut niveau, trier, mettre en place un jeu, faire avec la pénurie d’ouvreurs français, laisser émerger d’autres joueurs, bref créer une nouvelle équipe avec un nouvel état d’esprit et une vraie cohésion. Et essayer de travailler le jeu autant que faire se peut avec les miettes de temps accordées par-ci par-là…

Cette nouvelle équipe a du se frotter à des adversaires dont la majorité des joueurs jouent ensemble depuis plusieurs saisons et ont la possibilité de s’entraîner très souvent – contrairement au XV de France.

Toutes ces raisons peuvent aisément expliquer des résultats peu satisfaisants sur la feuille et Tournoi 2013 lamentable. Il ne s’agit pas de se trouver des excuses mais bien de replacer cette équipe dans son juste contexte pour comprendre à quel point de son évolution elle se situe avant de crier haro sur le baudet.